jeudi 30 janvier 2014

Cadeaux de Noël et autres…

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Victor Ginsburgh

Nous sortons de l’époque des cadeaux, mais il faut savoir que les êtres humains ne sont pas, et de loin, les seuls à en faire. Les animaux s’en donnent aussi à cœur joie, mais sans doute pour des raisons plus terre-à-terre que nous—et encore, puisqu’ils sont souvent associés à la reproduction de l’espèce, comme le raconterait un vulgaire darwiniste.

Les dons que se font les animaux sont en fait des cadeaux nuptiaux, un peu comme lorsque—en tout cas quand nous étions jeunes— nous invitions l’être dont nous étions tombés amoureux au restaurant ou au dancing, et que nous dessinions où nous pouvions, par exemple sur un arbre, un cœur transpercé d’une fléchette, dont rien que l’image nous faisait bien évidemment souffrir.

Un phénomène similaire existe chez certains serpents qui se promènent dans nos jardins. Ils sont hermaphrodites, chacun produisant aussi bien des œufs que du sperme, mais doivent tout de même s’accoupler longuement pour assurer leur progéniture. C’est pourquoi, avant de s’unir tendrement, le serpent envoie avec une force redoutable à sa ou son désiré une fléchette d’amour qui ressemble à un harpon et qui est produite dans sa région génitale. Ce harpon se fiche dans n’importe quelle partie du corps de sa « proie » en délivrant une puissante hormone d’amour, nous dirions un philtre. L’autre serpent répond de la même façon. A la suite de quoi, ils se mettent à faire ce qu’il faut pour donner le jour à de mignons petits serpenteaux (1).


Trois guides, trois Vietnam

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Pierre Pestieau

Lors de mon récent voyage au Vietnam, j’ai bénéficié des services de trois guides, l’un pour le sud, Saigon et le delta du Mékong, le deuxième pour Danang et le centre du pays et le troisième pour le nord et la baie de Hailong. Ces trois guides relevaient de la même agence de tourisme, localisée en Chine. Ils différaient cependant jusqu’à la caricature.

Le premier, celui de Saigon, s’est présenté sous le nom de Truck, « Truck comme camion » nous dit-il. Il s’approchait de la soixantaine. J’ai découvert par la suite que Truc était un prénom vietnamien. Et progressivement il nous a révélé son histoire et n’a jamais déguisé son amour pour la France et les Etats-Unis ni sa haine pour le nord et Oncle Ho. Son grand-père et son père étaient proches des institutions françaises; ils parlaient le français couramment, selon Truc. Lui même le parlait à peine et s’exprimait dans un anglais rocailleux. Il était visiblement mal adapté au Vietnam nouveau, au Vietnam pragmatique, à la fois socialiste et de plus en plus capitaliste. Il n’était pas fait pour son métier de guide et sans doute pour aucun autre. Il nous a révélé qu’il s’était embarqué fin des années 70 sur un bateau pour s’exiler avec d’autres « boat people ». Mais il fut aussitôt repris par les garde-côtes et emprisonné pendant quelques mois. Ce qui l’a rendu encore moins employable en dépit d’un diplôme en études commerciales.