jeudi 24 mars 2016

Merci et Haro

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Victor Ginsburgh et Pierre Pestieau

Merci à nos amis du Brésil, du Canada, de Colombie, d’Espagne, des Etats-Unis, de France, d’Israël, de Norvège, de la République Dominicaine et de Russie qui nous ont écrit pour demander de nos (et de vos) nouvelles.

Haro sur ceux qui pensent que la Belgique est, selon certains le nid, selon d’autres l’épicentre ou le carrefour du terrorisme et que les services de sécurité n’y sont pas aussi bons que chez eux.

Et bonnes vacances à ceux qui en prennent, aussi bien qu’à ceux qui n’en prennent pas.



jeudi 17 mars 2016

Tabelle, gabelle et baballe, ou le prix du livre en Belgique

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Victor Ginsburgh

La Commission Européenne essaie depuis des années de réduire les frais de roaming, c’est-à-dire des différences de prix des communications téléphoniques locales et à l’intérieur de l’Union Européenne. Aux dernières nouvelles, le 15 juin 2017, les prix des communications internationales seront égaux aux prix des communications nationales (1). Le Commission part aussi en guerre contre le géoblocage. Ce dernier rend impossible de voir certains programmes étrangers sur le web en Belgique. C’est notamment le cas pour l’émission Secrets d’Histoire de Stéphane Bern (2), qui est pourtant loin d’être érotique. Je parle de l’émission, pas de son présentateur.

Exemple de gabelle
Le Commission devrait, pour des raisons identiques, s’attaquer à une veille institution belge, appelée la tabelle, un joli mot — sûrement forgé sur gabelle, une taxe abhorrée levée sur le sel durant le Moyen-Age — qui permet de faire du fric gratuitement, en augmentant de 12 à 15% le prix des livres édités en France (y compris ceux des auteurs belges) lorsqu’ils sont vendus en Belgique. Il est vrai que quand cet instrument a été inventé durant les années 1970, il prétendait couvrir les droits de douane et les frais de change entre le franc français et belge, comme si la différence de change était toujours au désavantage des éditeurs français.

Entretemps, les droits de douane et le risque de change ont tous deux disparu depuis longtemps, mais la gabelle sur le livre continue d’être perçue par trois sociétés qui n’ont aucune raison si ce n’est d’avancer leur gamelle et d’attraper la baballe de la tabelle : Interforum Benelux (Pocket, Nathan et Le Robert), Dilibel, filiale de Hachette (Albin Michel, Le Livre de Poche, Larousse) et Nord-Sud (Jouvence, Economica, Présence Africaine) (3).  La plus importante de ces sociétés est Dilibel, une filiale de Hachette, qui distribue à peu près 50 à 60% des livres français en Belgique.

Osons la réforme. Craignons l’utopie

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Pierre Pestieau

Il est sans nul doute utile de rêver à une société meilleure et d’imaginer des utopies qui nous rendent le présent moins amer. Il faut cependant se méfier de trop jouer l’utopie car elle conduit souvent au statu quo. Dans la mesure où elle n’est pas réaliste, on ne perd rien à y adhérer même au cas où si par miracle elle se réalisait, on en serait les premières victimes. Je prendrai deux exemples de propositions louables mais totalement irréalistes. Elles reviennent régulièrement tels des marronniers pour précisément empêcher des réformes plus modestes mais réalisables.

Le premier exemple est celui de l’allocation universelle. Le concept du revenu de base, souvent appelé allocation universelle, n'est pas une idée nouvelle. C'est un concept qui a pour but de donner à chaque citoyen un droit universel, individuel et inconditionnel visant à couvrir les besoins essentiels, afin de garantir à chacun une vie digne et la participation de tous dans la vie en société. Certains y voient une solution à tous les problèmes du moment : chômage, précarité, robotisation des tâches, violence sociale, marginalisation. Une vraie panacée. Pourquoi pas ?

jeudi 10 mars 2016

Pays de contraste

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Pierre Pestieau

J’ai récemment visité la Colombie, un pays à la fois attachant, où les inégalités pourtant flagrantes peuvent ne pas apparaître au visiteur ni même au Colombien. Vous atterrissez à l’aéroport El Dorado, qui n’a rien à envier à nos aéroports. On en sort rapidement pour prendre sans attendre un taxi qui le plus souvent se faufilera avec habilité dans une circulation digne de Bruxelles ou de Paris. On arrive dans un de ces quartiers de Bogota où l’habitat est confortable et les commerces richement achalandés. De nombreux parcs. Des clubs de sport où les Colombiens passent une bonne partie de leur temps de loisir, ce qui peut être tout le temps pour les retraités. Mais quand je dis les Colombiens, il s’agit de l’infime minorité qui peut se permettre de prendre l’avion, d’habiter dans les quartiers du nord de la ville, de payer des droits d’inscription élevés à ces clubs et de mettre leurs enfants dans des universités privées. L’Université de Los Andes que je visitais a une infrastructure supérieure à celle de nos facultés belges. Les droits d’inscription sont prohibitifs pour 99% de la population colombienne. Bref un pays de Cocagne pour les happy few.

Où il est question d’Eve, d’Adam et de Priape

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Victor Ginsburgh

Georgia O'Keeffe, Black Iris
Le mot actuel (et convenable) pour désigner le sexe féminin en hébreu (פּוֹת, prononcé pôt) est d’une origine bien mystérieuse (1). Il apparaît dans le livre d’Esaïe (4, 16-17) — c’est la seule fois qu’il apparaît dans l’Ancien Testament et je doute qu’il apparaisse dans le Nouveau — mais a semble-t-il été bien mal compris et/ou traduit par la suite. Dans la traduction grecque, il est pudiquement rendu par « forme », en araméen par « dignité » ; par « forêt » écrit le Rabbin Samuel de Nehardea (165-256 apr. J.C.), non dit St Jérôme (347-420 apr. J.C.) c’est d’une « boucle de cheveux » qu’il s’agit, ce qui, oserais-je suggérer, est bien joli quand même. Le très sérieux pasteur protestant Louis Segond, dont je possède la traduction de la Bible en français, écrit « nudité ». On se rapproche quand même un peu de ce « pâle objet du désir » de Pierre Louÿs dans la Femme et le Pantin, et que Luis Buñuel a transformé en « obscur objet du désir » dans son film. Et voici enfin ce qu’ose dire André Chouraqui (1917-2007) dans sa traduction du dernier mot du verset 4, 17 de la Bible :

16 Adonai dit : Puisque les fille de Sion s’exaltent,
vont la gorge tendue, lorgnant des yeux,
vont en trépidant, vont en cliquetant des pieds,
17 Adonai pèle l’occiput des filles de Sion ; Adonai dénude leur vulve.

mercredi 2 mars 2016

Philématologisons ensemble

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Victor Ginsburgh

Baiser Cartier Bresson
Je viens de lire un article dans le très sérieux American Journal of Medicine (1) sur la philématologie, qui est la science des embrassades amoureuses et autres. On y apprend des choses extraordinaires qu’on a sûrement tendance à oublier avec l’âge. Joseph Alpert, rédacteur en chef de la revue et auteur de l’article, annonce des détails anatomiques, neurophysiologiques, épidémiologiques et cliniques, qui reposent sur des sources scientifiques et semblent à peu près toutes très sérieuses, puisque certaines ont été  glanées dans le Journal of Infectious Diseases, d’autres dans le Journal of  Infectious Chemoterapy, ou le Journal of Psychosomatic Research. De quoi se réjouir et d’essayer d’embrasser bien.

Commençons par les bonnes nouvelles. Embrasser fait appel à une série de muscles faciaux, dont le orbicularis oris (situé autour de la bouche et des lèvres) est le plus important. On pouvait évidemment s’y attendre, et je suppose que vous saviez tous cela. Des baisers simples utilisent deux muscles seulement et brûlent 2 à 3 calories. Pas question de maigrir en embrassant, sauf à faire mille baisers (3 000 calories brûlées !), mais ça c’est plus souvent ce qu’on écrit dans les lettres, ce qui ne brûle que 0,5 calorie et fait mal aux doigts quand c’est manuscrit, ce que devrait naturellement être le cas dans une lettre d’amour. Un email consomme zéro calorie, jetez votre PC, il ne vaut rien, et en le jetant, vous brûlez des calories.

Amazon et ses zones interdites

1 commentaire:

Pierre Pestieau

On ne présente plus Amazon. Tout le monde connaît cette entreprise de commerce électronique américaine basée à Seattle et de plus en plus active en France et en Belgique. Tout le monde aime cette entreprise qui est connue pour la vente de livres, mais aussi d'autres produits, notamment culturels. Les prix sont bas et la livraison rapide.
Quand je dis tout le monde, ce n’est pas exact. Il y a des exceptions. D’abord les libraires et les vendeurs de DVD et de CD qui doivent souvent mettre clef sous porte face à ce rouleau compresseur qui réduit leur clientèle comme peau de chagrin. Il y a aussi le Trésor Public qui se voit régulièrement floué de recettes importantes par l’aptitude qu’Amazon a d’éviter l’impôt en déplaçant ses profits vers des cieux fiscalement plus cléments. Mais il y aussi une minorité silencieuse de clients qui sont régulièrement oubliés par cette merveilleuse organisation pour la quelle nous ne sommes après tout que des numéros.