lundi 30 octobre 2017

Celui qui le dit

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Pierre Pestieau
La pertinence d’un propos dépend-elle de la moralité de celui qui le profère ? En d’autres termes, une affirmation telle que « le harcèlement sexuel est haïssable et devrait être davantage poursuivi » serait-elle moins fondée si elle émanait de Harvey Weinstein, connu aujourd’hui comme le porc. Cette question est proche de celle que soulevait Marcel Proust dans son Contre Sainte Beuve, quand il s’attaquait à celui pour qui l'œuvre d'un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et pourrait s'expliquer par elle. Proust estimait que la critique d’une œuvre devrait être dépourvue d'éléments qui lui sont extérieurs.
Cette réflexion m’est venue à la lecture d’un roman que je recommande, L’imposteur, qui narre l’histoire d’un homme qui fut longtemps en Espagne le président emblématique de l’Amicale de Mauthausen en portant ainsi la parole des rescapés des camps de la mort, alors qu’il n’y avait jamais mis les pieds (1). L’auteur, Javier Cercas, s’interroge sur les conséquences de la découverte de cette imposture. Servira-t-elle d’argument aux négationnistes ?

Glyphosate, Roundup et règles de vote à la Commission Européenne

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Victor Ginsburgh

Certains ne manqueront pas de me dire que je mélange les choses, mais il y a des cas où il faut s’y risquer, quitte à se voir vilipendé.

Il y a dans l’Union Européenne, plusieurs règles de vote, dont celle à l’unanimité qui concerne les langues officielles aujourd’hui au nombre de 24. Il faut l’unanimité pour changer la moindre règle les concernant, suite à un règlement qui date de 1958, alors qu’il y avait 4 langues.

Désherbant 
Pour le glyphosate et le Roundup, il n’a fallu l’avis de personne. En effet, selon le porte-parole de Greenpeace, « depuis le début des années 2000, l’Union européenne a prolongé par deux fois, discrètement, l’autorisation du glyphosate. C’est grâce à la société civile que c’est devenu un sujet majeur » (1). Les choses ont donc un peu changé, puisque à présent il faut un vote, mais, et c’est là que cela devient intéressant. En effet, la réunion de la Commission qui a débuté le 25 octobre à 9 heures du matin « ne donnera pas nécessairement lieu à un vote. Si une proposition est soutenue par une large majorité, elle pourrait toutefois être mise aux voix. Une majorité qualifiée est nécessaire pour valider ou infirmer une éventuelle proposition, soit 16 Etats sur 28, représentant au moins 65% de la population totale de l'UE. Si une telle majorité ne peut être obtenue après deux tours de vote, la décision sur le renouvellement de la licence reviendrait à la Commission » (2), dont on peut deviner la décision.

jeudi 26 octobre 2017

Les propos fumeux de certains qui se disent économistes

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Victor Ginsburgh

Les économistes racontent beaucoup de bêtises. Une partie de celles-ci est due à la méconnaissance de ce qui se rapprochera peut-être un jour d’une science. J’ai déjà entendu beaucoup de sottises, mais celles qui sont rapportées dans un article publié par L’Echo du ** septembre 2017 par XY qui se dit économiste et anthropologue, sont un chef-d’œuvre à nul autre pareil.

Cet économiste-anthropologue se demande comment on peut gérer le risque financier et pose, naturellement, comme question « est-ce que les économistes ont une bonne réponse ». Je pensais qu’il utiliserait des arguments anthropologiques, politiques, sociologiques, voire, économiques pour expliquer ce qu’il en est. Non, en toute prudence, parce qu’il pense ainsi être scientifique, il se retranche derrière des arguments faisant parti de la physique théorique, qui est elle-même à la recherche d’une cohérence entre physique relativiste et physique quantique.

Vive les riches

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Pierre Pestieau

Au cours de récents voyages dans différents pays, je suis régulièrement interpellé par une amie qui m’accompagne sur la chance que nous avons d'avoir des aristocrates et autres riches bourgeois pour s’être fait construire des habitations fastueuses qui sont devenues des musées abritant des œuvres uniques. Il est en effet évident que si nous vivions au sein d’une société quasi égalitaire, dans laquelle chacun posséderait son petit pavillon, ce type de bâtiments manquerait cruellement.

Mais il est difficile d'imaginer une telle société sans Etat, qui serait d'ailleurs le garant de cette quasi égalité. Cet Etat aurait d’autres fonctions, dont celle de fournir les biens et les services collectifs que le marché ne peut fournir. Les biens culturels sont des exemples classiques de biens publics dont la fourniture se heurte au phénomène du comportement de « passager clandestin ».  Il est en effet tentant et rationnel de chercher à bénéficier de l’usage de ces biens sans contribuer à leur financement. Le marché se révèle défaillant et ne peut en assurer la production spontanément. D’où le besoin d’Etat.

mercredi 18 octobre 2017

La marque d’Attila

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Pierre Pestieau

Je viens de passer une semaine en Hongrie, ou plus précisément à Budapest. Par moments, au cours de ce séjour,  je me déplaçais dans le temps et m’imaginais dans le Berlin des années 30, où touriste je n’aurais rien deviné de ce qui se passait derrière le rideau de la propagande nazie. Récemment, un reportage sur Arte consacré aux jeux de Berlin montrait à quel point et avec quel succès le régime avait réussi à tromper les journalistes les plus avertis sur les horreurs du régime.

Revenant à Budapest, la ville a de nombreux charmes. De belles avenues, le Danube qui la traverse majestueusement, de nombreux palais, théâtres, églises et musées, la pittoresque colline de Buda. La nourriture n’est pas trop mauvaise pour un pays de l’est. Leur foie de canard poêlé aux myrtilles est à recommander. La ville accueille de nombreux visiteurs, jeunes surtout, dont une partie est un produit de Ryanair et autres compagnies low cost. Après tout, un week-end arrosé à Budapest est moins coûteux qu’il ne le serait à Londres.

A.E.I.O.U. Austria est imperare orbi universo

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Victor Ginsburgh

« La destinée de l’Autriche est de diriger le monde entier » une devise modeste que l’Autriche s’est donnée vers 1890, mais qui peut aussi se lire « Austria erit in orbe ultima », qui se traduit par « L’Autriche survivra jusqu’à la fin du monde ».

Mon cœur d’ex-autrichien bat plus vite à répéter ses devises plus glorieuses l’une que l’autre, mais aussi à l’idée que l’Autriche pourra bientôt recréer un nouvel empire avec la Hongrie si bien décrite par Pierre Pestieau dans l’article qui précède. Comme l’était l’Empire Austro-Hongrois entre 1867 et 1918 sauf que l’empereur Franz pas né très malin sera remplacé par Kurz, 31 ans, presque aussi jeune que Franz qui avait 18 ans lorsqu’il a accédé au trône.

jeudi 12 octobre 2017

Viaducs et tunnels routiers — y’a qu’à…

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Victor Ginsburgh

Les ouvrages dits d’art (une jolie allitération, venue toute seule sous la « plume ») qui permettent aux « provinciaux » de Flandre et de Wallonie de venir travailler à Bruxelles et de rentrer chez eux le soir — sans payer ni taxes ni impôts à la « capitale » — sont en train de tomber en miettes les uns après les autres. Vieillesse et usure font mieux que force ni que rage.

Petit trou à Bruxelles


Le dernier en date est un viaduc, comme l’était le premier, mais les tunnels bruxellois sont aussi en déglingue, et même lorsqu’ils sont ouverts, on roule sur une seule bande. Et puis, d’autres voies se sont effondrées et ont provoqué de grands trous qui prennent plusieurs mois de réparation, alors qu’à Fukuoka, Japon un trou bien plus grand a été réparé en quelques jours, deux à quatre selon les sources.


Déserts médicaux

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Pierre Pestieau

Une des limites du libéralisme en matière de santé se manifeste au travers de l’existence croissante de déserts médicaux. On entend par là des zones du territoire où la concentration de professionnels et d'établissements de santé est insuffisante par rapport aux besoins et à la réalité démographique du territoire, ou tout du moins inférieure à la moyenne du pays. Cette désertification médicale touche en particulier — pour des raisons de plus faible attractivité — les zones rurales et les banlieues des grandes villes. Des mesures sont régulièrement prises au plan local et national pour lutter contre ce phénomène qui sans nul doute contribue à la fracture sociale, à ce sentiment d’abandon dont peut souffrir une population qui se sent une fois de plus délaissée par la « métropole ». Une fois de plus, car il existe d’autres raisons de se sentir abandonné avec la disparition des boulangeries et des épiceries, avec l’absence d’accès à internet, avec les écoles qui s’éloignent et les transports publics qui se font rares.

jeudi 5 octobre 2017

Souvenirs, souvenirs

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Souvenirs, souvenirs

 

Pierre Pestieau

 

Avoir raison trop tôt, est une phrase que j’éviterais de prononcer, appartenant à une profession connue pour s’être trompée plus qu’à l’ordinaire. Et pourtant. Il y a une quinzaine d’années, je fus convié par le ministre Jean Claude Marcourt, qui comptait entre autres charges, celle de l’économie wallonne, pour en discuter.  J’avais commis quelques semaines auparavant une carte blanche dans laquelle je m’alarmais du fossé croissant entre les économies de Flandre et de Wallonie. Il me demanda ce que je proposais. 

mardi 3 octobre 2017

Les femmes saoudiennes pourront enfin conduire. Pourquoi ?

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Victor Ginsburgh

Enfin, les femmes pourront conduire en Arabie Saoudite dès juin 2018. Un lecteur de
l’article publié par le journal de gauche israélien Haaretz qui s’interrogeait dans son titre sur la raison pour laquelle les choses avaient changé (1) commente ironiquement « La vraie raison », écrit-il, « est peut-être d’humilier les religieux israéliens qui interdisent à leur épouse de conduire… ».

Evidemment, le nouveau prince qui succédera au roi doit établir sa renommée et faire preuve de modernité. La nouvelle disposition va avoir des conséquences économiques assez sérieuses, dont certaines seront positives, d’autres beaucoup moins, en particulier pour les étrangers établis en Arabie.